Anticiper sa retraite dans un environnement fiscal sous pression
L’allongement de la durée de vie, la baisse progressive des pensions, la remise en question du système de retraite par répartition… autant de signaux faibles devenus des évidences. Pour maintenir un niveau de vie décent à la retraite, il devient impératif d’anticiper et de s’appuyer sur des outils d’épargne long terme. Le Plan d’Épargne Retraite (PER), lancé en 2019 par la loi Pacte, répond précisément à cette ambition : construire une épargne retraite dans un cadre fiscal très avantageux.
Mais le PER ne se limite pas à un simple produit de prévoyance. Il représente également un levier redoutablement efficace pour alléger sa fiscalité annuelle. En articulant stratégie de long terme et optimisation fiscale immédiate, il s’inscrit comme une pièce maîtresse dans toute gestion de patrimoine. Encore faut-il bien en maîtriser les contours pour en tirer tous les bénéfices.
Un cadre fiscal pensé pour inciter à l’épargne retraite
Le grand attrait du PER repose sur la possibilité de déduire les versements volontaires de son revenu imposable. Ce mécanisme permet de réduire significativement son impôt sur le revenu, à condition de disposer d’un revenu suffisant pour en bénéficier. Concrètement, les sommes versées dans un PER peuvent venir en déduction du revenu global, dans la limite de plafonds fixés chaque année. Pour un salarié, ce plafond s’établit à 10 % des revenus nets professionnels de l’année précédente, avec un plafond global équivalant à huit fois le plafond annuel de la sécurité sociale. Cela représente environ 35 200 euros pour l’année 2024. Les indépendants bénéficient de plafonds encore plus généreux, pouvant dépasser les 70 000 euros.
Cette déduction est d’autant plus intéressante que l’on se situe dans une tranche marginale d’imposition élevée. Un contribuable taxé à 30 % qui verse 10 000 euros sur son PER peut ainsi économiser 3 000 euros d’impôt. Plus on est fortement imposé, plus le PER est rentable. Il est également possible de répartir les versements sur plusieurs membres d’un foyer fiscal, ce qui renforce encore son intérêt dans le cadre d’une stratégie familiale coordonnée.
Mieux comprendre les notions de revenu imposable et fiscalité de référence
Pour bien saisir l’impact du PER, il est indispensable de différencier certaines notions fiscales. Le revenu imposable correspond au total des revenus du foyer, nets de charges, qui sert de base au calcul de l’impôt. C’est ce montant qu’il est possible de faire baisser grâce aux versements sur un PER. Le revenu fiscal de référence, quant à lui, est un indicateur utilisé pour d’autres dispositifs (bourses, exonérations de taxe foncière, etc.) et n’influe pas directement sur l’impôt. La déduction permise par le PER agit donc sur l’assiette même de l’imposition, ce qui la rend particulièrement efficace.
Le choix des fonds : cœur stratégique du PER
Un PER n’est pas un simple compte où l’on dépose de l’épargne pour la laisser dormir. Il s’agit d’une enveloppe dans laquelle les sommes sont investies selon des supports variés. C’est là que réside l’un des grands enjeux du PER : bien choisir ses fonds pour faire fructifier son capital tout en respectant son appétence au risque.
On distingue d’abord les fonds en euros, au capital garanti, qui assurent une certaine sécurité mais une performance généralement faible. Ces supports sont particulièrement adaptés en fin de parcours, lorsque l’objectif devient de préserver le capital accumulé plutôt que de le faire croître. À l’opposé, les unités de compte, qui permettent d’investir sur les marchés financiers, les actions, l’immobilier ou encore des ETF, offrent des perspectives de rendement bien supérieures. Leur volatilité est plus importante, mais sur une durée longue comme celle de la retraite, leur potentiel est attractif.
Certains PER proposent aussi des fonds thématiques, axés par exemple sur la transition écologique, l’innovation technologique ou encore l’immobilier international. Ces supports permettent de personnaliser davantage sa stratégie d’investissement selon ses convictions ou son profil. Il est donc essentiel de ne pas sous-estimer l’importance de la qualité des supports proposés par un PER. Plus le catalogue est riche, plus la stratégie patrimoniale peut être fine et efficace.
La gestion du PER peut être libre, auquel cas l’épargnant choisit lui-même ses fonds, ou pilotée. Dans ce dernier cas, un profil d’investissement est défini en fonction de l’âge et du niveau de risque accepté, et la répartition entre actifs dynamiques et prudents évolue automatiquement à mesure que l’on approche de la retraite.
Choisir un bon contrat : bien plus que comparer les frais
La qualité d’un PER ne se limite pas à sa fiscalité. Elle repose aussi sur les conditions du contrat, souvent très disparates d’un gestionnaire à l’autre. Les frais sont évidemment à surveiller, qu’il s’agisse de frais d’entrée, de frais de gestion annuels sur les fonds, ou encore de frais d’arbitrage. Mais au-delà des frais, la richesse des supports, la souplesse de gestion (libre ou pilotée), la réputation du gestionnaire et la clarté des options de sortie sont autant de critères déterminants.
Il est vivement recommandé de s’appuyer sur des comparatifs indépendants pour faire un choix éclairé. Parmi les ressources les plus fiables, on peut consulter ce comparatif des meilleurs PER (PER individuel), régulièrement mis à jour et comparant les contrats selon des critères objectifs comme les performances, les frais ou les services associés.
En complément de l’assurance vie : une stratégie patrimoniale cohérente
Le PER est souvent comparé à l’assurance vie, mais ces deux enveloppes répondent à des logiques différentes. L’assurance vie reste l’outil privilégié pour préparer des projets à moyen ou long terme, bénéficier d’une fiscalité avantageuse sur les retraits après huit ans, ou organiser sa succession grâce à un cadre très favorable. Le PER, de son côté, impose une contrainte forte : les fonds sont bloqués jusqu’à la retraite, sauf cas exceptionnels (décès du conjoint, invalidité, surendettement, etc.). En contrepartie, l’avantage fiscal à l’entrée est bien plus significatif.
C’est donc en complémentarité que ces deux dispositifs déploient toute leur efficacité. L’assurance vie permet de conserver une grande liberté et une disponibilité des fonds, quand le PER structure l’épargne retraite avec un puissant moteur fiscal. Une stratégie patrimoniale équilibrée reposera souvent sur une combinaison des deux, en fonction des objectifs, de l’âge, de la situation familiale et du niveau d’imposition.
Qui peut vraiment tirer parti du PER ?
Le PER est particulièrement adapté aux contribuables disposant d’un revenu suffisant pour être imposés dans les tranches à 30 %, 41 % ou 45 %. Dans ces cas, l’économie d’impôt générée peut être considérable. Les professions libérales et les travailleurs indépendants y trouveront aussi un intérêt spécifique, notamment grâce à des plafonds de déduction plus élevés.
Les jeunes actifs fortement imposés peuvent également avoir intérêt à initier tôt un PER pour bénéficier d’un effet boule de neige sur les performances, notamment via des unités de compte bien sélectionnées. Quant aux couples mariés ou pacsés, ils peuvent optimiser le dispositif en répartissant stratégiquement les versements entre les deux membres du foyer.
En revanche, pour les personnes faiblement imposées ou celles proches de la retraite sans capacité d’épargne importante, d’autres produits comme l’assurance vie ou le PEA peuvent s’avérer plus pertinents. Il est donc essentiel de réfléchir à sa propre situation avant d’engager des sommes importantes dans un PER.
Un outil à la fois fiscal, patrimonial et stratégique
Le PER est bien plus qu’un produit de défiscalisation ponctuel. C’est un véritable outil de gestion de long terme, qui répond à un triple objectif : alléger son impôt aujourd’hui, se constituer une épargne solide pour la retraite, et structurer son patrimoine de façon cohérente. Bien utilisé, il devient un pilier dans la construction d’une stratégie financière durable.
Mais sa pertinence dépend du contrat choisi, de la qualité des fonds disponibles, et surtout de l’adéquation entre ses caractéristiques et le profil de l’épargnant. C’est pourquoi il mérite réflexion, anticipation, et parfois un accompagnement professionnel pour en tirer pleinement parti.